« La vie de l’artiste n’est pas régie par un individu aux objectifs clairs comme la fortune, la réussite ou la vérité scientifique, voire l’incarnation d’une quelconque idée précise, mais par une force brutale, aux mains de laquelle l’artiste en tant qu’homme se convulse, comme s’il était victime du tétanos ou d’un empoisonnement à la strychnine. »
Witkiewicz, La fabrique de portraits, 1928
Les portraits réalisés sur cette page l’ont été sans strychnine. Mais au moyen de processus picturaux brutaux que nous n’avons pas craint d’affronter.
Prenez votre photo d’identité, et/ou une photo de même dimension, trouvée par hasard dans un journal. Reproduisez-la de la main gauche, à la même dimension, au crayon ou avec un stylo fin, moitié par moitié : c’est-à-dire que vous masquez la partie gauche du visage pour peindre d’abord la droite, puis inversement. Ces contraintes ont pour but de remobiliser votre capacité d’attention manuelle et oculaire.
Sur une feuille de papier pour acrylique d’un format minimum de 30 X 50 cm, enduite de gesso, vous reportez en l’agrandissant, toujours de la main gauche et moitiés par moitié, ce tout petit dessin en utilisant le plat et la tranche d’une large brosse (50 mm) chargée d’acrylique noire. Puis vous aspergez de quelques gouttes d’eau que vous faites ruisseler. Quand ce portrait agrandi à l’acrylique se trouve aux trois-quarts sec, vous le passez sous le robinet pour évacuer les parties non sèches, et produire ainsi un effet de délavage aléatoire mais expressif.
Après ce premier résultat, différentes options se présentent :
- Affiner au pinceau le résultat obtenu, pour améliorer les contrastes graphiques ou de valeurs.
- Reproduire au crayon, puis au pinceau, tous les vides du dessin, pour reconstituer d’un trait contrôlé et en négatif les effets du hasard. Puis mettre en couleur avec une autre technique de votre choix.
Andrée Job-Querzola 2008 - Portrait en masque - Acrylique sur papier
